REPORTAGE – Sur la côte croate, l’île pénitentiaire de l’époque yougoslave est inscrite dans un projet gouvernemental de privatisations. Mais les descendants des anciens prisonniers politiques protestent et aimeraient en faire un mémorial. L’article est paru dans Le Figaro du 13 novembre 2014.
Le bateau prend de la vitesse. Derrière la barre, Bruno tourne le dos au vent, allume sa cigarette, puis accélère. Pour rejoindre «l’île nue» depuis la côte croate, il faut compter trente minutes, «dix, si je fonce», précise-t-il, en forçant la voix pour couvrir le bruit du moteur. Dans la baie de Kvarner, le paysage est lunaire. Au fil du temps, la bora, ce vent de l’Adriatique, a arraché la végétation. Et aujourd’hui, seules les roches émergent de l’eau pour trancher le ciel d’une lame blanche. À l’approche de Goli Otok, Bruno indique les bunkers aux murs décrépis. Abandonné depuis des décennies et désormais en vente, le goulag de Tito tombe en ruines.
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